Aujourd’hui reconnu par tous, l’impressionnisme fut, à ses débuts, une aventure incertaine d’artistes dont le quotidien présente quelques singularités que l’exposition du musée d’art et d’histoire de Saint-Lô se propose d’explorer.

De l’atelier aux séances en plein air, de la misère à la reconnaissance, de l’acte créatif au commerce des œuvres, comment les artistes impressionnistes procèdent-ils pour concrétiser leur art ; où peignent-ils, selon quelles techniques, avec quels moyens diffusent-ils leurs œuvres, comment les commercialisent-ils ?

Plus qu’une exposition de « beaux-arts », le projet du musée de Saint-Lô vise à appréhender l’impressionnisme sous l’angle encore peu exploré de l’histoire économique, technique et sociologique.

Prenant pour fil conducteur d’une journée d’un artiste, l’exposition appréhende notamment la façon dont le peintre occupe, installe et met en scène son atelier ; les lieux (mer, forêt, villes) où il va peindre et les affinités particulières qu’il entretient avec certains d’entre eux (Pissarro à Pontoise, Monet à Giverny, Renoir à Chatou), en région parisienne ou en province, et les moyens qu’il utilise pour s’y rendre (notamment le chemin de fer, mais aussi la bicyclette et même le bateau) ; la façon dont il se loge et se nourrit sur place ; les rencontres qu’il y fait et les cercles d’amitiés ou de travail qui y naissent, à l’auberge ou dans les guinguettes. Il s’agit également de comprendre le processus de création, de l’esquisse à la toile peinte, en abordant la question technique (le matériel du peintre, avec l’apparition de la couleur en tube ; les fournisseurs des artistes comme Louis Latouche ou la maison Lefranc) et celle de la productivité de l’artiste : combien d’œuvres crée-t-il, avec quelles variantes ; et à qui les destine-t-il : collection personnelle, marchands, expositions, clients particuliers ou même, une fois la reconnaissance obtenue, l’Etat. Quelles stratégies l’artiste met-il en œuvre pour valoriser ses toiles, quel prix peut-il en espérer, quels sont les circuits de diffusion, quel rôle joue la critique ?

L’exposition mêle des œuvres impressionnistes (esquisses, toiles), des documents d’archives, de photographies et des objets témoignant du quotidien des peintres, de leurs difficultés comme de leurs réussites : matériel de peintre, lettres, traces de ventes, etc.