Emil Bührle – ou les canons de l’art

Emil Bührle (1890-1956) est un industriel suisse, né en Allemagne qui a fait fortune en tant que fabricant d’armes. Il suit des études de littérature et d’histoire de l’art à l’Université de Munich, qui l’amènent à s’intéresser aux peintres impressionnistes dès 1913. A l’ouverture de la première guerre mondiale, il est incorporé dans l’armée allemande comme lieutenant de cavalerie. A la fin de la guerre, il épouse Charlotte Schalk, fille d’un banquier qui lui ouvre les portes d’un groupe industriel et il devient rapidement directeur d’un fabrique de canons à Oerlikon dans la banlieue zurichoise. L’usine fabrique des armes pour la France et l’Angleterre, puis finalement pour le 3ème Reich. Il rachètera l’usine et fera rapidement fortune dans une époque troublée. Conseillé par le marchand d’art Fritz Nathan, il réunit dès 1938 une importante collection d’art qui comportera jusqu’à 600 oeuvres au moment de sa mort en 1956. Certains de ses achats effectués entre 1939 et 1945, se révéleront être des œuvres spoliées à des familles juives. Bührle les restituera par la suite pour racheter la plupart d’entre elles.

L’essentiel de cette collection est actuellement visible au musée Maillol à Paris. Ils sont tous là, des aînés tels que Delacroix, Corot jusqu’à Picasso en passant par tous les maîtres de l’Impressionnisme, du post-Impressionnisme, les Fauves et les Nabis.

On y retrouve les champs de coquelicots de Monet, les femmes pulpeuses de Renoir, les natures mortes de Cézanne et Gauguin et une section dédiée à Edouard Manet. La « petite danseuse de 14 ans » de Degas, éblouissante de naturel au milieu de tous ces chefs-d’oeuvre vous offre une parenthèse avant de plonger vers le vingtième siècle. On y retrouve alors Bonnard, Vuillard et Vlaminck avant d’assister au dialogue entre Braque et Picasso sous le regard bienveillant de Modigliani.

« Le collectionneur se caractérise par la qualité de son choix et par la réunion judicieuse des œuvres d’art »: écrivait Bührle. Les ponts qu’il a jetés entre différentes générations de peintres constituent un témoignage de son flair qui en ferait presque oublier les conditions dans lesquelles ces œuvres ont été réunies.

Au musée Maillol jusqu’au 21 juillet 2019 

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